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  • jean.tschopp

Ensemble contre la traite d'êtres humains

Très heureux d’avoir contribué à l’ouvrage collectif « Ensemble contre la traite d’êtres humains » inauguré au Café de l'Arsenic par Astrée. L’esclavage des temps modernes est encore bien présent. Dans ce combat pour la liberté, le courage des victimes de la traite pour s’en sortir est extraordinaire.


Essemble contre la traite d'êtres humains. Vernissage

Avec notamment Anne Ansermet Pagot, Angela Oriti, Allegra Chapuis Francesco Panese, Rebecca Ruiz et Mathias Reynard. Graphisme: Plates-Bandes Communication & Fulguro Design. Édité avec le soutien du Bureau vaudois de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ouvrage à commander au prix de soutien à CHF 10.- à info@astree.ch


Mon discours à l'occasion du vernissage du 18.11.2021


"C’est d’abord comme habitant du quartier que j’ai été amené à me pencher sur la traite d’êtres humains. J’habite le quartier de Sévelin, cette ancienne friche industrielle, qui depuis une quinzaine d’années a fait une large place au développements de logements, d’étudiants, de familles avec l’apparition de garderies.


Quand on habite le quartier, la délicate cohabitation avec les travailleuses du sexe s’invite dans les conversations et pas toujours avec les meilleures intentions (un peu moins, c’est vrai, depuis que la Ville a restreint le périmètre dévolu à la prostitution).


Un point a rapidement attisé ma curiosité en emménageant dans ce quartier : le décalage entre l’officialité des chiffres / statistiques ne faisant pratiquement pas état de la traite d’êtres humains (1 cas/0 cas) et les voitures suspectes aux vitres teintées que j’apercevais parfois dans le quartier aux plaques venues de très loin. Bien sûr, l’activité qui se déploie la nuit à Sévelin n’est que la partie immergée de l’univers de la prostitution. Internet regorge d’offres en tout genre.


Quoi qu’il en soit, tout est fait pour que les habitants des quartiers restent le plus éloigné possible de travailleuses du sexe, qui elles aussi, pourtant vivent ici. L’obstacle de la langue, le rythme (horaires de bureau ou oiseaux de nuit), les arrangements avec la vérité, dans l’univers de la prostitution, où le mensonge reste souvent le meilleur moyen de se protéger : tout est fait pour que tout le monde s’ignore.


Il en faut plus pour décourager Anne Ansermet Pagot et Angela Oriti, codirectrices d’Astrée, Allegra Chapuis, première présidente de l’association, à laquelle succèdera bientôt Francesco Panese et toutes les femmes et les hommes engagés dans cette structure de lutte contre la traite d’êtres humains. Le courage, c’est quand on a peur de faire quelque chose et qu’on le fait quand même. Le courage, c’est d’abord celui de ces femmes, Blessing, Amina ou Linda qui au péril de leur vie, sous l’emprise de proxénètes les privant de toute liberté, ont trouvé les ressources pour sortir de l’ornière et ont agi pour trouver une porte de sortie dans cette impasse.


Le drame de la politique en 2021, c’est de se heurter à ce mur de la mondialisation, qui donne parfois le sentiment que toutes les tentatives de s’attaquer aux inégalités et aux fragilités de notre monde contemporain sont vouées à l’échec. En agissant ici et maintenant pour s’attaquer aux filières de traite d’êtres humains d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’ailleurs, Astrée a fait la démonstration que des leviers d’action étaient possibles, y compris d’ailleurs dans le domaine de l’exploitation professionnelle.


75 victimes suivies, 23 d’entre elles hébergées et 2665 entretiens uniquement en 2020 : les résultats sont spectaculaires. En 5 ans, Astrée en tirant le plein effet des possibilités juridiques pourtant ténues de secourir les victimes de la traite, a tissé un réseau dense avec le Service de la population (SPOP), les policiers de la brigade des mœurs, le Bureau de l'égalité et bien d’autres encore pour s’attaquer à ce phénomène ; un combat quotidien pour la dignité de chacune et chacun d’entre nous.


Aujourd’hui, je me souviens de ce jour, c’était il y a dix ans, où Anne Ansermet Pagot m’a accueilli dans son bureau voyant bien qu’il manquait un acteur indispensable pour s’attaquer à la traite. En quelques phrases, elle m’a dressé les contours de ce que serait Astrée. Quant à mon interpellation au Grand Conseil en 2012, jamais je n’aurais imaginé qu’elle aurait un tel effet. En réalité, c’est que le réseau construit patiemment autour d’Astrée était déjà bien en place. Ce résultat est le fruit d’une action collective. Pierre-Yves Maillard a eu une bonne oreille pour la cause, Véronique Berseth, son ancienne collaboratrice personnelles y a contribué. Quant à Rebecca Ruiz, je sais qu’elle continuera de faire preuve du soutien et de l’attention nécessaire au déploiement d’Astrée. Aujourd’hui, je me souviens aussi de ce débat au Grand Conseil, en 2013, où la traite d’êtres humains n’était pas considéré comme un sujet. Quel chemin parcouru !


J’ai appris qu’Anne quitterait bientôt Astrée pour une retraite bien méritée. Je lève mon verre à sa santé, à la santé d’Astrée. Bon Anniversaire ! "



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