Version longue du texte paru dans le quotidien « 24heures » du 20.02.2023 dans la rubrique Réflexions. Pour la version courte
Contexte. Après quatre journées de mobilisation du personnel et de grève exceptionnelles pour l’indexation dans des proportions qui n’avaient plus été atteintes depuis quinze ans, le gouvernement refuse toujours de négocier. Tout juste envisage-t-il « d’entendre les organisations du personnel sur des thèmes importants » pour elles en marge d’une rencontre prévue ce jeudi 23 février 2023 sur d’autres dossiers. Ce ne sont pas encore des négociations. Une situation inédite dans le canton. Même dans le dossier délicat de la grille salariale DECFO-SYSREM en 2008, dans une configuration équivalente (majorité de droite au Conseil d’Etat et au Grand Conseil), le gouvernement de l’époque avait accepté de négocier.
Droit dans ses bottes et inflexible, le gouvernement Luisier répète qu’il ne négociera pas avec le personnel du secteur public et parapublic sur l’indexation, malgré la mobilisation grandissante. On peut s’étonner que ce nouveau Conseil d’Etat tourne le dos à la négociation et au partenariat social qui dans le privé et le public sont plutôt reconnus comme une force de notre canton.
Dans une situation où tout augmente - électricité, loyers, alimentation, primes d’assurance maladie - les socialistes défendent le droit à l’indexation pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs dans le privé comme le public. En période d’inflation, un salaire qui n’est pas indexé, c’est un salaire qui diminue et une perte de pouvoir d’achat. Le Conseil d’Etat a fixé l’indexation pour le personnel du secteur public et parapublic à 1.4% alors que la hausse du coût de la vie se situe à 3% selon l’indice des prix à la consommation. Dans l’horlogerie ou l’hôtellerie-restauration, des solutions négociées ont abouti à des indexations moyennes de 3.5 % ou 3 %. La plupart des communes composant avec une situation financières moins confortable que celle du canton accordent aussi une pleine indexation. Au niveau cantonal, les classes de salaire inférieures du secteur public percevront une prime « vie chère » de 0.8%. Cette prime unique ne correspond pas à une hausse de salaire, n’est pas reconductible, ni assortie de cotisations aux assurances sociales et le parapublic en est privé.
« En période d’inflation, un salaire qui n’est pas indexé, c’est un salaire qui diminue et une perte de pouvoir d’achat. »
En creux, la nouvelle majorité bourgeoise du Conseil d’Etat entretient l’idée que les « fonctionnaires » (un statut aboli depuis 20 ans avec la loi sur le personnel) seraient déjà bien assez favorisés et n’ont pas en plus à être pleinement indexés. En substance, cette idée revient à dépersonnaliser les femmes et les hommes qui dans les soins, l’éducation, la sécurité et tant d’autres domaines s’engagent jour après jour dans le service au public.
Quand on met un visage sur les personnes qui incarnent ces métiers, le peuple y adhère comme avec l’initiative pour des soins infirmiers forts plébiscitée en 2021 par 2/3 de la population vaudoise. En Valais, un gouvernement de centre-droite a accordé la pleine indexation à son personnel et à celui du parapublic, une mesure saluées par les observateurs. Les infirmières en EMS ou le personnel auprès des personnes handicapées dans les établissement socio-éducatifs doivent se contenter d’une indexation à 1.4% sans prime. C’est précisément dans le parapublic et dans le secteur des soins soumis à des horaires irréguliers et menacés par une pénurie de personnel que ces inégalités sont les plus choquantes. Sans aide du canton qui présente une situation financière confortable, la plupart des institutions du parapublic (subventionnées à 70% et représentant plus de 40 000 emplois) n’ont pas les moyens d’assurer une pleine indexation. Face aux défis du vieillissement de la population, des soins et de l’accompagnement aux personnes, il faudra nous montrer à la hauteur. Le gouvernement serait bien inspiré d’entendre ces préoccupations et d’ouvrir des négociations.
Jean Tschopp, Député socialiste au Grand Conseil VD, Président de Groupe
Discours de soutien au personnel en vidéo lors de la journée de mobilisation du 31.01.2023
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