La défense des classes moyennes et populaires, la protection du climat, des débats vifs, des hauts, des bas, de belles rencontres. 11 Années de Grand Conseil. MERCI pour votre confiance. La suite s’écrira à Berne au Conseil national
Ma lettre de démission du Grand Conseil lue par son Président Laurent Miéville
Démission prenant effet le 30 novembre 2023
Monsieur le Président du Grand Conseil,
Mesdames et Messieurs les Conseillers d’Etat,
Chers Collègues,
Il m’a fallu quelques jours pour rédiger ce courrier. C’est une page qui se tourne après 11 ans de Grand Conseil. Et dans nos vies trépidantes, c’est l’occasion de se retourner, comme un coureur de fonds à l’approche de la ligne d’arrivée.
Ma démission du Grand Conseil est la conséquence de mon élection au Conseil national et je remercie toutes celles et ceux qui m’ont accordé leur confiance. Je veux pouvoir consacrer le temps et l’énergie nécessaire à exercer mon mandat aux Chambres fédérales le mieux possible.
Au cours de ces derniers mois, à la faveur de la campagne, j’ai beaucoup cheminé dans ce vaste canton. Il y a les régions alpines, les vignes et les domaines qui me rappellent mes racines valaisannes, il y a les crêtes du Jura qui se prêtent bien aux moments pour se ressourcer, il y a le plateau, ces villages, ces villes et agglomérations qui se développent à une vitesse impressionnante. Et puis, il y a surtout ses habitants. Les partis, les associations (je travaille à la Fédération romande des consommateurs), ONG, partenaires sociaux, communes sont essentiels au fonctionnement d’une démocratie. La parole des habitants de ce canton est toute aussi essentielle. Ces personnes n’ont pas forcément la disponibilité pour se porter candidat à une élection ni à s’engager dans des associations, mais leur parole, leur ressenti, leur vécu n’est jamais anodin. Nous avons à les écouter, à échanger avec elles. Sur les marchés, lors de rencontres, il y a toujours quelques chose à apprendre. Notre responsabilité d’élu, c’est d’aller au contact et pas uniquement sur les réseaux sociaux, de sortir de notre bulle, des algorithmes, de l’entre-soi et de notre zone de confort.
Ce canton forme un tout qui ne se réduit pas à l’addition des 300 communes qui le compose. « Le tout vaut plus que la somme des parties »: je pense souvent à cette citation de Confucius parce qu’elle sied bien à l’intérêt général que nous devons rechercher en toute chose.
Il y a dans ce canton une énergie contagieuse: celle de personnes qui s’investissent sans réserve dans leur activité professionnelle, qui s’engagent pour leurs familles, pour leurs proches parfois mal en point. Que ferions nous sans les proches-aidant? Il y a dans ce canton une énergie pour entreprendre, pour repenser notre façon de consommer et s’engager sur la voie de la transition énergétique, pour se réinventer. Cette énergie s’étend jusqu’aux retraités souvent très actifs. L’ouverture de ce canton, c’est aussi les diversités d’origine qui composent nos familles, notre environnement professionnel et les salles de classe de ce canton. 52% de la population de notre canton est issue de l’immigration: c’est un défi que nous pouvons relever sans crainte et c’est aussi une force. Cette énergie et cette diversité je les emmène avec moi à Berne.
J’ai aimé débattre avec vous. Le débat c’est l’oxygène de notre démocratie. Quand ma mère s’est remise en couple, j’avais 13 ans. Son compagnon, sympathisant PLR, ne pensait pas comme nous. Nous en avons eu des discussions le soir à table. Ces discussions m’ont appris à confronter mon point de vue, m’ont familiarisé avec d’autres manières de penser. En entrant au Grand Conseil, j’ai souvent eu le sentiment d’entendre en écho la voix de l’ami de ma mère. Se familiariser avec d’autres visions du monde, les respecter, perdre, se remettre en question, prendre en compte le point de vue de l’adversaire, l’intégrer à son raisonnement et s’améliorer. Ces valeurs sont centrales. Nous devons les affirmer contre les trolls anonymes derrière leur clavier, et souvent beaucoup mieux organisés qu’il n’y paraît, contre les perturbateurs qui recherchent toujours l’incident, la division, l’attaque personnelle et l’outrance. En démocratie, les médias dont certains voudraient nous faire croire que nous n’avons plus besoin, ont toute leur place à jouer pour informer, raconter ce qui se joue ici, confronter les points de vue, apposer leur regard critique et nourrir le débat d’idées. J’ai apprécié faire de la politique dans ce Parlement où les débats peuvent être vifs et animés, mais où on ne se jettent pas des verres d’eau à la figure et où des liens se nouent parfois par-delà les affiliations partisanes.
Merci d’abord à Sophie, mon épouse. On est jamais seul quand on s’engage. Merci pour le sens critique aiguisé et précieux qu’elle porte sur mon activité et sur ces valeurs communes que nous partageons. J’ai été élu au Grand Conseil à l’âge de 30 ans. Très vite ensuite, nous avons eu deux enfants coup sur coup. J’ai eu la chance d’exercer des activités professionnelles à temps partiel pour concilier mon métier, mon mandat au Grand Conseil et notre vie familiale. Je veux dire ici aux jeunes, aux parents d’enfants en bas âge qui hésitent à s’engager en politique, que moyennant des structures de garderie et d’accueil parascolaire à la hauteur, de l’organisation, de la discussion et un partage des tâches, il est possible de faire le pas.
Merci à notre Président du Grand Conseil Laurent Miéville pour sa disponibilité, son attention aux autres et le souci qu’il porte au bon fonctionnement de nos institutions. Bravo à toute l’équipe du Secrétariat général pour son professionnalisme et sa bienveillance, aux huissiers, au personnel de la Buvette pour leur sens de l’accueil et aux gendarmes, qui assurent notre sécurité et dédient leur temps au service publique.
Merci à mon Groupe pour ces 3 ans et demi que j’aurai passé à le présider. Il y a dans ce Groupe toutes les compétences, la vigilance et le savoir-faire pour que les choses se passent bien. Cette fonction passionnante m’aura permis d’entrer en contacts étroits avec les Conseillères d’Etat de l’alliance rose-verte. Je retiens l’engagement total et les compétences relationnelles exceptionnelles de Nuria Gorrite à qui je souhaite un bon rétablissement, l’abnégation et la force de travail de Cesla Amarelle et la capacité de Rebecca Ruiz à rechercher en toutes choses l’intérêt général sans céder aux pressions. Je pense aussi à nos Alliés écologistes et à Vassilis Venizelos que j’ai pratiqué comme Président de Groupe doté d’un sens tactique aigu mis au service de valeurs fortes et promis à un bel avenir comme Conseiller d’Etat. Présider un Groupe de 32 fortes personnalités est une fonction prenante qui demande des échanges et une attention permanentes, comme j’ai pu le faire avec le Président de mon parti Romain Pilloud ou auparavant avec Jessica Jaccoud et une sparring-partner, fonction qu’a incarné Adriane Bossy notre collaboratrice scientifique, dont j’ai pu bénéficier des précieuses compétences.
Je n’oublie pas mes homologues Présidents de Groupe. Rebecca Joly, Présidente de Groupe des Vert·e·s qui a toujours eu en tête le souci de ce qui peut renforcer mutuellement notre alliance rose-verte. Vincent Keller et Elodie Lopez à la tête du Groupe Ensemble à Gauche et POP déterminés à combattre les inégalités. Graziella Schaller qui a toujours évité les dogmes Présidente de Groupe des VertsLibéraux jusqu’à tout récemment et remplacée depuis octobre par Jérôme De Benedictis. Nicolas Suter, qui par delà nos divergences, est orienté solution. Et enfin Yvan Pahud, qui est un homme avec lequel on peut dialoguer. Seul on ne peut rien. La politique, c’est la recherche d’alliances pour faire progresser les causes pour lesquelles la population nous a accordé sa confiance.
De là où je serai, je garderai un œil attentif sur vos débats avec toute la reconnaissance envers la population qui m’aura donné le privilège d’évoluer au Grand Conseil durant ces 11 années.
Vive le Pays de Vaud !
Jean Tschopp, député
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